Artefacts
Certains mages et sorciers apprennent avec le temps à se passer d'artefacts mais pour nous autres pratiquants de la Haute Magie, il convient d'utiliser avec sagesse ce que la Nature nous offre. Tout notre art est fondé sur les cadeaux de la Déesse et à travers ceux-ci, nous pratiquons les plus grands rituels qui soient, en prenant toujours soin de nous montrer sages et réfléchis quant à nos intentions. Nos artefacts personnels n'appartiennent qu'à nous, ils ne peuvent être donnés ou offerts, à moins qu'ils n'appellent d'eux-mêmes un autre propriétaire. Nous ne les prenons pas : ils nous sont révélés et donnés par la Déesse, lorsque le moment est bien choisi. Il arrive que certains apprentis passent plusieurs années sans connaître leurs artefacts, d'autres les découvrent le jour même où ils commencent l'enseignement et il est difficile de prédire qui saura gagner au plus vite les faveurs de Mère Nature. Il semblerait que notre grande Dame ait ses raisons que la raison ne connaît pas, à l'image de bien d'autres déités capricieuses telles que l'amour.
Chaque artefact a son usage particulier et certains ont moins d'importance que d'autres. Nous ne mentionnerons ici que les plus essentiels : le bâton, la baguette, l'épée, l'athamée, le bol, l'autel. Nous expliquerons également l'importance des pierres et des plantes, des encens, des bougies, qui font plus partie du decorum du rituel que de son essence même. Ceux que l'on appelle les Mages du Chaos prétendent pouvoir travailler avec n'importe quel support sinon avec aucun mais c'est là une forme de magie que nous considérons comme dangereuse et prétentieuse tout à la fois.
Le bâton est l'un des premiers artefacts qu'un sorcier trouvera. Il s'agit d'un bâton à taille humaine, trouvé tel quel dans la nature et issu de n'importe quel arbre. Il est bien évident que selon l'arbre qui aura donné le bâton, ses propriétés ne seront pas les mêmes : un bâton de bouleau, arbre de la Déesse, sera adapté à tous les travaux intrinsèquement liés à la Nature et exécutés avec une intention pure ; un sapin ou tout autre persistant favorisera les travaux de soin, de même que l'if et le pommier ; le frêne, arbre Yggdrasil, favorisera les travaux divinatoires et sur les énergies, de même que le noisetier qu'on pourra également utiliser pour aider à la fertilité d'une terre ou d'une femme. Il ne s'agit que d'exemples qui ne tiennent pas compte de la sensibilité de chacun, ainsi un sorcier mal intentionné ne tirera pas les mêmes effets de ces arbres. On notera que ces propriétés s'appliquent également pour les baguettes, dans la conception desquelles on priviligiera le noisetier et le frêne. Il convient d'éviter le lierre, car s'il a la possibilité de repousser les énergies néfastes, il peut également se révéler un instrument d'une rare puissance pour un mage noir.
La baguette se conçoit sur les mêmes principes que le bâton : on trouvera le bois dans la forêt en répondant à l'appel d'un arbre. Chaque sorcier est amené à sculpter sa baguette selon ses désirs et selon la façon dont il compte conduire ses travaux. Il peut être intéressant de graver dans l'arbre les runes associées aux pratiques envisagées et on associe souvent bâton et baguette à un métal qui augmentera encore le potentiel de l'artefact – le cuivre et l'argent étant deux matériaux très utilisés pour parvenir à ce but.
L'épée et l'athamée ne peuvent être reçus de la Nature. Certains sorciers se contentent de posséder ces armes de façon mentale, de visualiser leurs épées et d'utiliser leurs énergies lorsque cela s'avère nécessaire, mais nul débutant ne saurait se risquer à cet exercice. L'épée et l'athamée sont de tout évidence des artefacts offensifs, ils permettent de trancher des liens énergétiques, de repousser des attaques et, parfois, de faire couler le sang – que ce soit comme paiement d'un acte magique ou dans un acte de défense plus concret que notre magie. Les sorciers les plus fortunés les dessinent et les font forger, les autres devront flâner devant les étals des forgerons et espérer entendre l'appel de leurs lames. Il paraît important de préciser ici que nul ne devrait manipuler ces artefacts sans précautions car leur nature même en fait d'excellents véhicules d'une magie sanglante et dangereuse à laquelle nulle ne devrait se frotter imprudemment.
Dans le bol de pierre, le sorcier réduira en poudre les plantes qu'il devra utiliser dans ses rituels ou ses potions. C'est l'un des artefacts les moins répandus, certains préférant acheter les poudres directement sur les marchés adaptés.
L'autel, enfin, ne saurait être oublié. Il n'est pas utile de se confectionner un autel de pierre dressé dans un lieu particulier pour obtenir une source puissante de pouvoir, non, ce qui importe est le lien entre le sorcier et son autel. On a vu des mages utiliser comme autel une simple plaque de bois et celle-ci s'avérer étonnamment puissante. L'autel est l'ancre du sorcier, lieu de célébration des rituels, et il ne doit en aucun cas être violé par quelque énergie néfaste qui pourrait détruire le mage lui-même. Certains sorciers très croyants l'utilisent également pour rendre hommage à la Déesse, ce qui ne peut que renforcer le pouvoir de l'autel.
On utilise enfin dans les rituels nombre de pierres, d'encens, de plantes. On verra plus tard leur importance dans la construction d'un cercle de protection, il semble important de préciser dès maintenant qu'ils peuvent également servir en-dehors des rituels. Les encens ont souvent des propriétés purificatrices, de même qu'une simple bougie placée à côté d'un verre d'eau ; on les utilise souvent dans des objectifs de nettoyage d'une maison infestée par le bas-astral et les êtres les plus malins qu'il contient. Les pierres ont des propriétés fort variables selon leur nature : un œil de tigre sera une protection excellente, une améthyste dissipera les effets les plus troublants d'une magie adverse, un œil de faucon favorisera la voyance, une topaze réjouira les cœurs les plus sombres, une citrine, un œil de bœuf ou une cornaline permettront au mage de se ressourcer et de regagner de l'énergie, une tourmaline noire ou une obsidienne pourront constituer une attaque extrêmement puissante. La force d'une pierre dépend de sa taille et de la forme dans laquelle on la taille, ainsi une géode d'améthyste aura toujours plus d'influence qu'une pierre roulée.
Le choix des pierres et plantes est également celui de la Nature, il est bon de laisser les objets appeler le sorcier plutôt que de leur imposer de venir à soi. On ne peut garantir d'un artefact volé à la Déesse qu'il accomplisse son devoir comme il le devrait.
Par la suite, nous aborderons le bas-astral que nous avons déjà mentionné et les risques qu'il y a à le fréquenter.
Extrait de La Magie au service de l'Homme, d'un certain Ygg